lundi 4 octobre 2021

4. L’homme-minerai

Nous arrivons à la fin de la première partie décrivant les conditions autoritaires de l’ère industrielle. Nous avons une erreur fondamentale commise à l’époque de la construction de cette société : l’égalité. Il y en a une autre qui complète le tableau. Je l’appelle l’homme-minerai.

Le creuset de notre société, du moins son organisation, est l’époque post-révolutionnairenotamment le dix-neuvième siècle, fortement marqué par l’industrialisation en plein essor. L’efficacité était le mot d’ordre avec une forte hiérarchisation de la société, avec des patrons, des cadres, des ingénieurs, des techniciens, des chefs, des ouvriers, etc. Et c’était brutal. On soumettait la matière et on la transformait, et tout était gigantesques, les hauts-fourneaux, par exemple.

Vous savez, dans une fonderie, le minerai de fer entre par un bout d’une chaîne de fabrication, passe par les hauts-fourneaux, ressort sous forme de fer ou d’acier ou de fonte selon la quantité de carbone. Le minerai est soumis « à la volonté et à l’intelligence de l’homme ! » Le minerai n’a pas d’autre choix que d’obéir à l’homme. Il doit finir en poutrelles, en plaques d’acier, en coques de gigantesques navires « plus puissants que l’océan ». Il s’agit de conquérir la Terre. Ça, c’était l’ambiance !

Et si cette idée avait imprégné l’enseignement ? L’enfant ne devait-il pas se soumettre à la volonté de l’homme, de l’instituteur ?

Et si à l’époque des débuts de l’Instruction publique, l’homme avait été comparé à un minerai ! et l’école modélisée sur l’usine, l’organisation humaine la plus efficace et la plus puissante de l’ère industrielle ; il s’agissait en effet de fabriquer les quantités gigantesques de matériaux nécessaires à la construction dans tous les domaines : navires, rails, locomotives, trains, enfin toute la construction métallique. Et s’ils avaient copié le modèle pour le retranscrire en système scolaire !

De minerai brut, l’enfant était forgé pour devenir machine ou ingénieur ou dirigeant des « machines ».

Autrement dit, l’aristocratie de l’Ancien Régime, avait été remplacés par les nouvelles élites devenues des dirigeants de machines, le bon vieux patronat et les « masses », les prolétaires ! L’image est effrayante.

C’est un postulat qui reste à prouver, mais je me demande si les « penseurs » de l’époque n’ont pas imaginé l’enfant comme un minerai qui devait être fondu, forgé, transformé afin de former les matériaux de construction humains. Les meilleurs élève, matériaux « nobles » étant extraits, séparés des matériaux moins nobles, pour devenir les cadres, les patrons, les ingénieurs, les docteurs, les politiciens, les enseignants, « hussards de la République ».

Et l’idée à la base de l’homme-minerai est qu’un enfant est égal à un autre enfant et qu’il doit être façonné à l’image de la société.

Enfin l’égalité n’est pas tout à fait exacte puisque l’élitisme était fortement marqué et encouragé. Mais au départ, tous les enfants étaient considérés « égaux ». Le processus d’usinage séparait les bons, les moyens et les mauvais.

Peu importe si cette idée est juste ou non. Dans les faits, c’est le système qu’ils ont choisi : la chaîne de production industrielle. Ils ont installé tout ça et y ont placé les enfants par la force. Les gendarmes allaient même ramener les enfants qui s’échappaient du système. Parlant d’autorité…

Cette idée fondatrice de l’homme-minerai ou plutôt de l’enfant-minerai se trouve toujours parmi nous, « fondant » toujours, continuellement, la structure rigide de l’Instruction publique, soumettant le mental de nos enfants à la volonté des élites de la société, tout comme le minerai d’antan.

Nous avons les raisons du désastre. Les élites fondatrices ont réussi à obtenir la société docile et stupide qu’ils voulaient, un peuple qui ne peut plus se révolter, s’organiser et se défendre ! Eh oui, ces « penseurs » et « sachants » craignaient pour leur cou en ces temps troublés. Ils ont gagné. Ils ont tellement enchevêtré les systèmes qu’il est impossible de les démêler et de trouver des solutions intelligentes.

Mais il y a un secret : l’idée fixe, sa source, sa raison et ses effets.

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