Analyse de l’éducation
Partie 2
Les canaux de contact avec le savoir
et les autres univers
Le droit de l’élève à ne pas savoir
Le droit de ne pas savoir
Définition
de savoir :
Savoir consiste à acquérir ou à avoir acquis des données vraies, directement ou par l’intermédiaire d’un raisonnement.
Perceptions
procurant des savoirs
Les
canaux connus des perceptions sont le toucher, le goût, l’odorat, la vue,
l’ouïe. La raison est un autre canal qui procure indirectement des données.
Chacune
de ces perceptions nous apportent des données, des savoirs.
Un
cuisinier par exemple utilise principalement son odorat, son gustatif et son
toucher. Il utilise la vue pour des choses comme la présentation des plats,
bien que cette dernière ne soit pas nécessaire (il pourrait être non-voyant et
faire un très bon cuisinier. Il distingue les différentes odeurs, goûts,
textures, formes, poids, ce genre de choses.
Un
musicien utilise son ouïe : harmonie, rythme, qualité des sons, hauteur
(note), volume, etc. Le toucher également. Il utilise la vue pour déchiffrer
les partitions, mais pas nécessairement. Il pourrait être aveugle et faire un
très bon musicien, Ray Charles ou Gilbert Montagné, par exemple.
Un
« nez » utilise son odorat pour sentir et tester différents parfums.
Un
œnologue utilise son odorat et son goût pour tester et goûter les vins. Il
utilise la vue pour observer les couleurs ou reflets des vins.
Tous
utilisent à la fois les perceptions directes (les cinq sens) et le
raisonnement. Tous ont affaire à des vérités (des faits observables par les
sens et la raison).
Ces
différents sens s’entraînent afin de distinguer les différentes
caractéristiques de ces perceptions.
Nous
voyons donc que « savoir » est très loin d’être limité à des notions
écrites ou parlées sous forme de mots et de phrases.
Les
mots et les phrases
Les
mots et les phrases ne servent qu’à communiquer des pensées. En général, les
messages parlés servent au présent.
Les
mots écrits (ou les signes) servent pour communiquer à quelqu’un dans le futur
proche ou éloigné. On peut aussi s’en servir au présent si l’on ne veut pas
être entendu par une autre personne. Mais habituellement, les livres, les
textes, les messages servent à enregistrer des pensées qui vont plus tard être
lues par quelqu’un qui sait lire et comprendre le langage utilisé. Celui qui
lit le livre reçoit les « données » du passé.
La
grammaire sert d’accord entre de nombreuses personnes (habituellement un
peuple) sur la manière d’arranger ou de mettre de l’ordre dans des mots ou
types de mots, afin que celui qui reçoit le message ait le même concept ou la
même idée que celui qui l’a émis.
Les
jeunes qui écrivent leurs textos ont développé un vocabulaire et une grammaire
communs qui rendent leurs communications compréhensibles.
Il
y a beaucoup à dire sur le sujet du langage. Mais ce n’est qu’un domaine très
spécialisé de la perception et de l’acquisition de savoirs. Par contre, le
langage est bien pratique pour échanger entre deux êtres humains.
Le
droit à ne pas savoir
C’est
une erreur fondamentale de l’éducation que de punir un enfant parce qu’il ne
sait pas, ou qu’il ne peut pas savoir, ou encore qu’il ne veut pas savoir.
À
moins d’être fou, un être humain possède un libre-arbitre exceptionnel, dont
celui d’acquérir des données, de l’expérience, des savoirs. Il prend des
décisions, peut décider d’un futur ou d’un autre, peut imaginer et créer, peut
inventer, peut analyser, peut revoir et changer ou confirmer ou encore rejeter
ses données. C’est un magicien. Et il se sert de ses données acquises par les
différents sens ou la raison.
Et
il peut reconnaître qu’il ne sait pas. Ou qu’il ne sait pas assez. Ou, que ses
données comportent des inconnues. Ou qu’on lui ment ou qu’on lui a menti, ses
données contenant donc des mensonges. Il peut faire cette analyse. Il a
parfaitement le droit de le faire.
Donc,
punir un élève parce qu’il ne sait pas est de la pure barbarie intellectuelle.
Et c’est l’un des fondements faux de l’école. Cela dégrade l’élève.
De
même, punir un élève parce qu’il a fait des erreurs est dans la même catégorie
des traitements barbares.
Continuer
avec la prochaine étape de difficulté d’un cours alors que l’élève ne sait pas,
ou a commis des erreurs dans l’étape précédente, est également barbare. Cela
noie l’élève.
Ce
sont des fondements de l’école. Ils sont faux.
Principe
vrai
L’élève
a un droit inaliénable, un droit humain à ne pas savoir. Il a le droit de
connaître ses erreurs et de les corriger et il doit avoir le temps de s’exercer
et d’apprendre de ses erreurs. Il a le droit à la certitude et au savoir-faire
bien acquis. Il a aussi le droit à ne pas s’intéresser à un sujet et de
l’ignorer délibérément.
C’est
une vérité, un droit humain fondamental. L’homme peut savoir comme il peut ne
pas savoir ; il peut se corriger ou corriger ses erreurs, d’autant plus un
enfant qui est là pour apprendre.
Les
conséquences de ne pas savoir
Oui,
il peut y avoir des conséquences à ne pas savoir. Dans certains cas, on peut
être rejeté par les autres ; on peut ne pas pouvoir s’intégrer ; on
peut ne pas comprendre ce que d’autres disent ou écrivent ou ont écrit.
Mais
bien souvent, cela n’a aucune conséquence. Ne pas savoir peut être la simple
honnêteté de dire « je ne sais pas et je veux savoir ». Ou, « je
ne sais pas et je m’en fiche ». C’est toujours un droit. Et si c’est
indispensable de savoir, on peut toujours l’expliquer mieux que ça ne l’a été.
Ce
n’est qu’une première approche des fondements de notre école du futur. Je ne
sais pas si c’est LA donnée la plus fondamentale. Mais c’est une donnée.
Les
sources fiables de données
Une
étape de logique et d’analyse est la confirmation ou l’infirmation des données,
surtout lorsqu’on ne peut pas les observer directement.
C’est
un système horizontal. On ne se réfère pas au « grand philosophe
untel » ; on se réfère à la vie, à ceux qui utilisent le savoir, les
professionnels, les artisans, les gens, surtout ceux qui ont affaire à la
vérité et qui ne peuvent pas mentir à leurs clients sans conséquences.
La
confiance, l’honnêteté et la vérité existent bel et bien. Pas partout, loin de
là. Mais dans tous les métiers ou professions de haute qualité, les trahir peut
équivaloir à se faire une mauvaise réputation et à perdre une clientèle de
valeur. Et puis, il y a un sens de l’honneur qui existe encore et qui est une
fierté personnelle pour le travail bien fait et le service rendu à un autre
être humain, une certaine exigence envers soi-même.
Donc
l’horizontalité, par opposition à la verticalité d’une hiérarchie autoritaire,
l’observation du terrain, des hommes et femmes qui ont des valeurs, qui
travaillent bien, tout ceci est une excellente source de données fiables ;
ce que ne fait pas l’école.
Ouvrir des canaux entre la conscience ou l’univers personnel et l’univers extérieur
Prenons
le problème par l’autre bout. J’avais proposé le remplacement de l’éducation ou
de l’enseignement par l’entraînement. Il ne s’agirait plus
de forger le savoir de l’enfant ou de l’élève, mais de lui donner les moyens de
communiquer avec l’univers dans lequel il arrive.
Un
univers conscient et sensible, prenant contact avec d’autres univers
Le
nouveau-né arrive dans un monde inconnu ou presque. Il est sonné par
l’expérience de la naissance, nous ne savons pas grand-chose sur lui sauf qu’il
est vivant et un peu conscient. Lui, ne sait rien de l’univers qui l’entoure,
nous l’appellerons « l’univers extérieur », proche ou éloigné. Il ne
sait rien du temps passé, de l’environnement matériel, proche ou éloigné. En
gros, il est vivant et n’a pas de données sinon les sensations de toucher du
ventre de sa maman. Comme nous ne sommes pas dans sa peau, nous ne savons pas
grand-chose sur ce qu’il ressent, sent ou perçoit. Quoique, si ça se trouve, il
connaît tout le fonctionnement de l’univers entier, potentiellement, mais comme
nous ne le savons pas, nous l’excluons du raisonnement (à tort peut-être ;
l’idée vient de me venir à l’esprit). Peut-être après tout connaît-il tout,
sauf les spécificités de la famille ou de la société dans laquelle il vient
d’arriver. Ce n’est qu’une idée, mais pourquoi pas.
Très
vite, en l’observant, nous pouvons savoir ou ressentir qu’un bébé n’est pas du
tout égal à un autre bébé. De même pour un enfant un peu plus âgé. En ce monde,
l’égalité n’existe pas.
Admettons
que le bébé soit « intellectuellement » mal voyant. Le bébé est un
univers à lui, un univers plein de vie, mais il n’est pas orienté dans
l’univers qui l’entoure (d’où l’analogie avec « mal-voyant). Il acquiert
peu à peu des données sur son environnement immédiat, les gens qui l’entourent,
ses pieds, ses mains, ses jouets, d’autres bébés, etc. Il apprend à manœuvrer
ses articulations et son corps. Il apprend peu à peu qu’il y a des interdits et
des choses autorisées pour un bébé. Ainsi, il devient de plus en plus
« voyant » ou « perceptif » en acquérant des données
fiables.
Lorsque
nous observons plusieurs bébés, nous constatons qu’ils sont essentiellement
différents. Leur empathie est différente, leur aptitude à manier leur corps,
leur caractère, la manière dont ils manipulent leurs parents (ils essaient),
leurs émotions, tout cela est différent d’un enfant à un autre. Leur rapidité
de progrès également. On ne peut même pas les catégoriser.
Donc,
dire que tous les enfants naissent égaux et qu’ils ont tous les mêmes aptitudes
est faux. C’était l’un des postulats fondateurs de l’instruction publique.
Disons
que nous avons chez ce bébé un univers potentiel. Nous ne savons pas de quoi il
est fait. Réduire un bébé à un ensemble d’organes physiques ? Qui peut
l’affirmer. Restons donc dans l’observation pure et le ressenti, le sentiment
du vivant et tout l’amour que cela comporte.
Le
rôle des adultes, parents, entourage, « société », est d’entraîner
les canaux de communication de cet enfant jusqu’à ce qu’il soit autonome. On
pourrait les nommer : canaux d’acquisition de données et de savoir-faire, ou
de communication entre son univers propre et l’univers extérieur.
C’est
un postulat qui repose sur un autre postulat : la confiance.
Cet
entraînement comporte des interdits sur des choses qu’il ne peut pas
comprendre, d’où le rôle important des adultes. Par exemple, on ne le laisse
pas toucher la porte brulante du four. On ne le laisse pas toucher à
l’électricité ou traverser la route seul quand il sait marcher. Cela fera
partie de son apprentissage, mais on laisse ces canaux fermés tant qu’il ne
sait pas s’en servir. Peu à peu il va acquérir de l’indépendance à mesure qu’il
acquiert des données fiables, qu’il peut comprendre et du jugement.
Autrement
dit on entraîne ses canaux de communication ou d’acquisition de données. Et on
l’entraîne individuellement, à son rythme, sur ceux-ci de telle façon qu’il
devienne capable de s’en servir pour construire ses connaissances et ses
savoir-faire. Peu à peu, il va en acquérir une maîtrise suffisante auquel
moment il y aura un contact vivant, une conscience autonome entre son univers
et l’univers extérieur.
Explication
des canaux et des univers
Nous
avons bien sûr les différentes caractéristiques des cinq sens humains. Ça,
c’est simple. C’est de la perception directe avec les différentes nuances des
cinq sens. Ces cinq sens permettent de devenir conscient de l’environnement.
C’est comme établir un ou des ponts ou des canaux de communication entre un
univers (soi) et l’univers autour de soi (extérieur). Si nous n’avions pas de
canaux (les sens), nous serions totalement hors contact avec l’univers
extérieur. Ce serait terrible parce que nous serions comme dans une prison sans
fenêtres, ni lumière, ni sensations, bon vous avez l’image.
L’être
humain étant une espèce évoluée grâce aux savoirs et savoir-faire acquis depuis
la nuit des temps, il a acquis différentes méthodes pour communiquer avec cet
univers extérieur hyper développé.
Par
exemple, si vous voulez entrer dans l’univers des mathématiques et vous en
servir, vous devez en avoir les clefs. Souvent, il s’agit d’apprendre à compter
parfaitement et avec rapidité – les quatre opérations par exemple et les bases
de l’arithmétique. Ces bases forment un pont entre votre univers mental et cet
univers des mathématiques.
C’est
ce que nous entendons par « canal ». Vous établissez un canal entre
vous et un certain univers extérieur. Si ce canal n’est pas ouvert, rien ne se
passe, les données de l’univers des maths ne parviennent pas jusqu’à vous. Si
un élève n’a pas suffisamment de temps pour bien apprendre les bases, tout le
reste est inutile car le canal n’est pas ouvert. Il n’a pas accès à cet autre
univers.
Bon,
un autre exemple plus concret. Avant d’apprendre à nager, le canal entre votre
univers et l’univers de la natation est fermé. Apprendre la théorie de la nage
ne va pas ouvrir ce canal. Apprendre progressivement les gestes de la nage et
se familiariser avec le milieu aquatique va très progressivement ouvrir ce
canal entre soi et cet ensemble de données qu’est le déplacement dans l’eau en
flottant.
Une
fois que vous savez nager, l’univers de la natation est ouvert : vous
savez ! Vous êtes autonome du point de vue de la natation, aller
dans le grand bain en piscine, ou en rivière ou à la mer. Vous savez nager et
vous pouvez commencer à vous servir du sujet. Par la suite vous pourrez
toujours vous perfectionner avec le plongeon ou la compétition et vous aurez
peut-être besoin d’un entraîneur sportif. Mais si ce canal n’est pas ouvert,
tout cet univers de la natation restera fermé pour vous.
Autre
exemple : le vélo est tout un truc. Il s’agit de trouver l’équilibre alors
qu’on n’a que deux roues et le tout en pédalant pour faire avancer le vélo. Eh
bien tant que vous n’avez pas trouvé physiquement cet équilibre et tous les
mouvements musculaires qui vont avec, vous n’aurez pas accès à l’univers du
déplacement en deux roues. Il y a vous, votre univers, et puis il y a cet autre
univers que vous observez ; vous voyez autour de vous d’autres gens qui se
déplacent en vélo ou autre « deux roues ». Si vous voulez faire partie
de cet univers du déplacement en deux roues, il va falloir acquérir les clefs,
les codes d’accès. C’est cela un « canal » entre soi, l’univers
personnel, et un autre univers extérieur. Une fois que vous avez appris les
principes, les bases (qui consistent à acquérir des mouvements physiques et
positions corporelles, à ressentir physiquement pour rester en équilibre),
l’univers extérieur qui consiste à conduire un deux roues vous est ouvert. Tout
le reste est du perfectionnement. Mais vous avez déjà ouvert ce « canal ».
Vous êtes autonome dans ce domaine.
Chaque activité est un univers en soi avec son
langage, ses codes, ses techniques ou méthodes, son environnement particulier,
ses adeptes, ses maîtres.
Il
existe aussi certains « univers » qui n’ont pas d’accès. Il n’existe
pas de canal parce que ces sujets sont tellement mal foutus qu’ils sont
incompréhensibles. Trop d’opinions, de choses mal observées ou pas observées du
tout, pas de logique, tout cela empêche l’accès. La raison est qu’il ne s’agit
pas d’un univers, mais une décharge de données fausses parfois mêlées de
données vraies. Il n’y a rien de construit, pas de principes fondamentaux, rien
de logique ou de sensé. On n’en rencontre de temps en temps ; cela peut
arriver alors il ne faut pas vous inquiétez du fait que vous n’y comprenez
rien… il n’y a rien à comprendre.
Pour
illustrer encore notre le sujet des « canaux » entre son propre
univers et un univers extérieur, prenons ce qu’on appelle les bonnes manières,
le savoir-vivre, l’étiquette, etc. C’est un vrai sujet, même s’il s’agit
d’apparence, d’attitudes artificielles, ne pas les connaître signifie ne pas
avoir accès à certains univers comme ceux des relations sociales. Il y a des
choses que l’on peut faire, certaines qu’il faut faire et d’autres qu’il ne faut
pas faire. Et ces sujets ont leurs fondements. Ne pas les connaître peut vous
faire passer pour un rustre, quelqu’un de malpoli, de grossier, à ne jamais
inviter. Pourtant, certains milieux sont bien agréables si l’on en connaît les
codes.
Les
mots et la grammaire, des canaux donnant accès à d’autres canaux
Effectivement,
le vocabulaire et la grammaire, le langage, forment un canal vers l’univers des
autres, passés, présents et futurs. Ainsi, partageant une même langue et en en
comprenant les codes, les êtres humains peuvent échanger des idées. Ils peuvent
recevoir les messages d’une personne du passé, échanger des idées avec
quelqu’un d’éloigné, et écrire ou enregistrer des messages destinés à des gens
situés dans le futur. C’est un moyen très pratique pour communiquer.
Ce
serait difficile, notamment pour des idées complexes de se passer du langage.
C’est un canal artificiel installé comme un moyen pratique d’échange.
C’est
donc un canal qui permet d’échanger des messages simples ou complexes.
Mais
il y a autre chose. Ce canal a ceci de particulier en ce sens qu’il donne accès
à d’autres univers comme les maths, la physique, les sciences en général et
pratiquement toute la connaissance humaine. Autrement dit, il s’agit d’un canal
vers d’autres canaux. Il ne s’agit plus d’ouvrir une voie vers un autre
univers, comme dans les exemples ci-dessus. Il s’agit d’ouvrir la voie vers de
multiples univers. Sans le langage, aucun savoir complexe n’est accessible.
Il
s’agit par conséquent d’un canal clef de voute sans lequel la vie dans cette
société compliquée serait impossible. D’où son importance toute particulière.
L’élève doit y passer du temps, beaucoup de temps. Et comme chaque enfant est
différent, il s’agit d’acquérir les clefs, les principes de la grammaire, pas
celle des littéraires, mais celle qui permet d’échanger suffisamment
précisément des messages et de recevoir d’autres connaissances. Étudier des
plus-que-parfaits du subjonctif peut paraître une bonne chose pour les érudits,
sauf que dans la vie, on ne s’en sert pas, ni dans les sciences d’ailleurs.
C’est juste très joli. Pareil pour le vocabulaire. Ça se travaille et il faut y
passer le temps nécessaire, pas le temps décidé par une administration
déconnectée.
Lorsqu’on
entraîne ce canal chez un enfant, il doit en acquérir une maîtrise suffisante,
ce qui implique la répétition d’actions et une certaine compréhension de ce
canal. Quand il commence à le maîtriser, il peut l’utiliser pour envoyer des
données (idées) ou en recevoir. Il peut l’utiliser pour acquérir d’autres
savoir-faire. Il peut conjuguer le langage avec des images ou des films.
D’ailleurs, il serait bon de continuer l’entraînement sur les langages
particuliers des différents sujets enseignés. Cet entraînement ne peut être
qu’individuel puisque nous visons une aptitude, pas un programme à exécuter
dans un temps imparti. Nous n’enseignons plus, nous entraînons.
Une
fois qu’il aura bien progressé dans l’utilisation des mots et de la grammaire,
il pourra continuer à se perfectionner. Mais ce canal est ouvert. Il sait à
quoi il sert. Il sait comment il peut s’en servir. La voie est ouverte vers
davantage de connaissances et de savoir-faire dans ce canal. C’est ce que nous
voulons atteindre, une aptitude de l’élève à se servir de ce canal de
communication. À ce moment-là, il est autonome et il pourra se perfectionner de
lui-même.
Les
mathématiques forment un ensemble de canaux vers différents savoir-faire ou
savoirs. Calculer la trajectoire d’une fusée vers la Lune n’est pas la même
chose que de calculer sa consommation d’essence à l’aide d’une règle de trois,
bien que tous deux nous aident à acquérir des données. Dans les deux cas, il y
a des bases à acquérir afin d’ouvrir et de développer ce canal de communication
entre notre élève et l’univers qui l’entoure.
L’informatique,
apprendre à taper rapidement sur un clavier, apprendre les bases de la gestion
des données (les fichiers, la sauvegarde et les manœuvres fondamentales) font
partie des canaux de communication entre un univers individuel et l’univers qui
l’entoure. La programmation est un autre canal, et ainsi de suite.
C’est
comme de trouver les codes d’accès à différentes salles, chacune d’elles
contenant des savoirs. Si on ne possède pas les codes, on n’a pas accès aux
salles. Quand on a accès aux codes, on devient autonome dans ce canal et les
matières correspondantes. Au moins, si le travail d’équipe est nécessaire, on a
l’accès aux équipes.
Et
comme il y a des degrés de difficultés dans tout sujet, on ne cogne pas sur le
pauvre élève qui ne sait pas et qui ne parvient pas à comprendre. Ne pas savoir
est une donnée importante et tout à fait valable.
Développer
les canaux
Une
fois que l’on a compris qu’on entraine l’élève à utiliser différents canaux
pour acquérir des données et communiquer avec l’univers extérieur, il suffit
d’énumérer les différents sujets qui composent la vie dans une
« société » donnée, de trouver les principes de fonctionnement de
chaque sujet et de développer les exercices qui permettront à l’élève de
maîtriser les bases de chaque canal. À partir de là, il suffit à l’élève
d’acquérir davantage de savoir et de savoir-faire dans le sujet pour en
acquérir une expertise. Mais il est autonome dans ce sujet.
En ce
qui concerne l’autorité du professeur
Le
professeur n’a pas besoin d’autorité, contrairement à ce qui a été cru au
dix-neuvième siècle. Il n’a pas besoin d’autorité puisque notre système permet
un travail d’équipe des professeurs et que les élèves qui sont là sont des
élèves, pas des empêcheurs de tourner en rond et des perturbateurs. Il y a une
définition simple d’un élève : quelqu’un qui est là pour
s’entraîner ; il veut apprendre et il est capable d’autodiscipline. Il est
probable qu’il faille un peu de discipline de la part des professeurs présents,
car les enfants sont des enfants, indisciplinés par nature.
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