vendredi 5 novembre 2021

2. Analyse de l'éducation, Partie 2, Les canaux de contact avec le savoir et les autres univers & Le droit de l'élève à ne pas savoir

 

 

Analyse de l’éducation

Partie 2

 

Les canaux de contact avec le savoir et les autres univers

 

Le droit de l’élève à ne pas savoir


 

Le droit de ne pas savoir


Définition de savoir :

Savoir consiste à acquérir ou à avoir acquis des données vraies, directement ou par l’intermédiaire d’un raisonnement.

Perceptions procurant des savoirs

Les canaux connus des perceptions sont le toucher, le goût, l’odorat, la vue, l’ouïe. La raison est un autre canal qui procure indirectement des données.

Chacune de ces perceptions nous apportent des données, des savoirs.

Un cuisinier par exemple utilise principalement son odorat, son gustatif et son toucher. Il utilise la vue pour des choses comme la présentation des plats, bien que cette dernière ne soit pas nécessaire (il pourrait être non-voyant et faire un très bon cuisinier. Il distingue les différentes odeurs, goûts, textures, formes, poids, ce genre de choses.

Un musicien utilise son ouïe : harmonie, rythme, qualité des sons, hauteur (note), volume, etc. Le toucher également. Il utilise la vue pour déchiffrer les partitions, mais pas nécessairement. Il pourrait être aveugle et faire un très bon musicien, Ray Charles ou Gilbert Montagné, par exemple.

Un « nez » utilise son odorat pour sentir et tester différents parfums.

Un œnologue utilise son odorat et son goût pour tester et goûter les vins. Il utilise la vue pour observer les couleurs ou reflets des vins.

Tous utilisent à la fois les perceptions directes (les cinq sens) et le raisonnement. Tous ont affaire à des vérités (des faits observables par les sens et la raison).

Ces différents sens s’entraînent afin de distinguer les différentes caractéristiques de ces perceptions.

Nous voyons donc que « savoir » est très loin d’être limité à des notions écrites ou parlées sous forme de mots et de phrases.

Les mots et les phrases

Les mots et les phrases ne servent qu’à communiquer des pensées. En général, les messages parlés servent au présent.

Les mots écrits (ou les signes) servent pour communiquer à quelqu’un dans le futur proche ou éloigné. On peut aussi s’en servir au présent si l’on ne veut pas être entendu par une autre personne. Mais habituellement, les livres, les textes, les messages servent à enregistrer des pensées qui vont plus tard être lues par quelqu’un qui sait lire et comprendre le langage utilisé. Celui qui lit le livre reçoit les « données » du passé.

La grammaire sert d’accord entre de nombreuses personnes (habituellement un peuple) sur la manière d’arranger ou de mettre de l’ordre dans des mots ou types de mots, afin que celui qui reçoit le message ait le même concept ou la même idée que celui qui l’a émis.

Les jeunes qui écrivent leurs textos ont développé un vocabulaire et une grammaire communs qui rendent leurs communications compréhensibles.

Il y a beaucoup à dire sur le sujet du langage. Mais ce n’est qu’un domaine très spécialisé de la perception et de l’acquisition de savoirs. Par contre, le langage est bien pratique pour échanger entre deux êtres humains.

Le droit à ne pas savoir

C’est une erreur fondamentale de l’éducation que de punir un enfant parce qu’il ne sait pas, ou qu’il ne peut pas savoir, ou encore qu’il ne veut pas savoir.

À moins d’être fou, un être humain possède un libre-arbitre exceptionnel, dont celui d’acquérir des données, de l’expérience, des savoirs. Il prend des décisions, peut décider d’un futur ou d’un autre, peut imaginer et créer, peut inventer, peut analyser, peut revoir et changer ou confirmer ou encore rejeter ses données. C’est un magicien. Et il se sert de ses données acquises par les différents sens ou la raison.

Et il peut reconnaître qu’il ne sait pas. Ou qu’il ne sait pas assez. Ou, que ses données comportent des inconnues. Ou qu’on lui ment ou qu’on lui a menti, ses données contenant donc des mensonges. Il peut faire cette analyse. Il a parfaitement le droit de le faire.

Donc, punir un élève parce qu’il ne sait pas est de la pure barbarie intellectuelle. Et c’est l’un des fondements faux de l’école. Cela dégrade l’élève.

De même, punir un élève parce qu’il a fait des erreurs est dans la même catégorie des traitements barbares.

Continuer avec la prochaine étape de difficulté d’un cours alors que l’élève ne sait pas, ou a commis des erreurs dans l’étape précédente, est également barbare. Cela noie l’élève.

Ce sont des fondements de l’école. Ils sont faux.

Principe vrai

L’élève a un droit inaliénable, un droit humain à ne pas savoir. Il a le droit de connaître ses erreurs et de les corriger et il doit avoir le temps de s’exercer et d’apprendre de ses erreurs. Il a le droit à la certitude et au savoir-faire bien acquis. Il a aussi le droit à ne pas s’intéresser à un sujet et de l’ignorer délibérément.

C’est une vérité, un droit humain fondamental. L’homme peut savoir comme il peut ne pas savoir ; il peut se corriger ou corriger ses erreurs, d’autant plus un enfant qui est là pour apprendre.

Les conséquences de ne pas savoir

Oui, il peut y avoir des conséquences à ne pas savoir. Dans certains cas, on peut être rejeté par les autres ; on peut ne pas pouvoir s’intégrer ; on peut ne pas comprendre ce que d’autres disent ou écrivent ou ont écrit.

Mais bien souvent, cela n’a aucune conséquence. Ne pas savoir peut être la simple honnêteté de dire « je ne sais pas et je veux savoir ». Ou, « je ne sais pas et je m’en fiche ». C’est toujours un droit. Et si c’est indispensable de savoir, on peut toujours l’expliquer mieux que ça ne l’a été.

Ce n’est qu’une première approche des fondements de notre école du futur. Je ne sais pas si c’est LA donnée la plus fondamentale. Mais c’est une donnée.

Les sources fiables de données

Une étape de logique et d’analyse est la confirmation ou l’infirmation des données, surtout lorsqu’on ne peut pas les observer directement.

C’est un système horizontal. On ne se réfère pas au « grand philosophe untel » ; on se réfère à la vie, à ceux qui utilisent le savoir, les professionnels, les artisans, les gens, surtout ceux qui ont affaire à la vérité et qui ne peuvent pas mentir à leurs clients sans conséquences.

La confiance, l’honnêteté et la vérité existent bel et bien. Pas partout, loin de là. Mais dans tous les métiers ou professions de haute qualité, les trahir peut équivaloir à se faire une mauvaise réputation et à perdre une clientèle de valeur. Et puis, il y a un sens de l’honneur qui existe encore et qui est une fierté personnelle pour le travail bien fait et le service rendu à un autre être humain, une certaine exigence envers soi-même.

Donc l’horizontalité, par opposition à la verticalité d’une hiérarchie autoritaire, l’observation du terrain, des hommes et femmes qui ont des valeurs, qui travaillent bien, tout ceci est une excellente source de données fiables ; ce que ne fait pas l’école.


Ouvrir des canaux entre la conscience ou l’univers personnel et l’univers extérieur


Prenons le problème par l’autre bout. J’avais proposé le remplacement de l’éducation ou de l’enseignement par l’entraînement. Il ne s’agirait plus de forger le savoir de l’enfant ou de l’élève, mais de lui donner les moyens de communiquer avec l’univers dans lequel il arrive.

Un univers conscient et sensible, prenant contact avec d’autres univers

Le nouveau-né arrive dans un monde inconnu ou presque. Il est sonné par l’expérience de la naissance, nous ne savons pas grand-chose sur lui sauf qu’il est vivant et un peu conscient. Lui, ne sait rien de l’univers qui l’entoure, nous l’appellerons « l’univers extérieur », proche ou éloigné. Il ne sait rien du temps passé, de l’environnement matériel, proche ou éloigné. En gros, il est vivant et n’a pas de données sinon les sensations de toucher du ventre de sa maman. Comme nous ne sommes pas dans sa peau, nous ne savons pas grand-chose sur ce qu’il ressent, sent ou perçoit. Quoique, si ça se trouve, il connaît tout le fonctionnement de l’univers entier, potentiellement, mais comme nous ne le savons pas, nous l’excluons du raisonnement (à tort peut-être ; l’idée vient de me venir à l’esprit). Peut-être après tout connaît-il tout, sauf les spécificités de la famille ou de la société dans laquelle il vient d’arriver. Ce n’est qu’une idée, mais pourquoi pas.

Très vite, en l’observant, nous pouvons savoir ou ressentir qu’un bébé n’est pas du tout égal à un autre bébé. De même pour un enfant un peu plus âgé. En ce monde, l’égalité n’existe pas.

Admettons que le bébé soit « intellectuellement » mal voyant. Le bébé est un univers à lui, un univers plein de vie, mais il n’est pas orienté dans l’univers qui l’entoure (d’où l’analogie avec « mal-voyant). Il acquiert peu à peu des données sur son environnement immédiat, les gens qui l’entourent, ses pieds, ses mains, ses jouets, d’autres bébés, etc. Il apprend à manœuvrer ses articulations et son corps. Il apprend peu à peu qu’il y a des interdits et des choses autorisées pour un bébé. Ainsi, il devient de plus en plus « voyant » ou « perceptif » en acquérant des données fiables.

Lorsque nous observons plusieurs bébés, nous constatons qu’ils sont essentiellement différents. Leur empathie est différente, leur aptitude à manier leur corps, leur caractère, la manière dont ils manipulent leurs parents (ils essaient), leurs émotions, tout cela est différent d’un enfant à un autre. Leur rapidité de progrès également. On ne peut même pas les catégoriser.

Donc, dire que tous les enfants naissent égaux et qu’ils ont tous les mêmes aptitudes est faux. C’était l’un des postulats fondateurs de l’instruction publique.

Disons que nous avons chez ce bébé un univers potentiel. Nous ne savons pas de quoi il est fait. Réduire un bébé à un ensemble d’organes physiques ? Qui peut l’affirmer. Restons donc dans l’observation pure et le ressenti, le sentiment du vivant et tout l’amour que cela comporte.

Le rôle des adultes, parents, entourage, « société », est d’entraîner les canaux de communication de cet enfant jusqu’à ce qu’il soit autonome. On pourrait les nommer : canaux d’acquisition de données et de savoir-faire, ou de communication entre son univers propre et l’univers extérieur.

C’est un postulat qui repose sur un autre postulat : la confiance.

Cet entraînement comporte des interdits sur des choses qu’il ne peut pas comprendre, d’où le rôle important des adultes. Par exemple, on ne le laisse pas toucher la porte brulante du four. On ne le laisse pas toucher à l’électricité ou traverser la route seul quand il sait marcher. Cela fera partie de son apprentissage, mais on laisse ces canaux fermés tant qu’il ne sait pas s’en servir. Peu à peu il va acquérir de l’indépendance à mesure qu’il acquiert des données fiables, qu’il peut comprendre et du jugement.

Autrement dit on entraîne ses canaux de communication ou d’acquisition de données. Et on l’entraîne individuellement, à son rythme, sur ceux-ci de telle façon qu’il devienne capable de s’en servir pour construire ses connaissances et ses savoir-faire. Peu à peu, il va en acquérir une maîtrise suffisante auquel moment il y aura un contact vivant, une conscience autonome entre son univers et l’univers extérieur.

Explication des canaux et des univers

Nous avons bien sûr les différentes caractéristiques des cinq sens humains. Ça, c’est simple. C’est de la perception directe avec les différentes nuances des cinq sens. Ces cinq sens permettent de devenir conscient de l’environnement. C’est comme établir un ou des ponts ou des canaux de communication entre un univers (soi) et l’univers autour de soi (extérieur). Si nous n’avions pas de canaux (les sens), nous serions totalement hors contact avec l’univers extérieur. Ce serait terrible parce que nous serions comme dans une prison sans fenêtres, ni lumière, ni sensations, bon vous avez l’image.

L’être humain étant une espèce évoluée grâce aux savoirs et savoir-faire acquis depuis la nuit des temps, il a acquis différentes méthodes pour communiquer avec cet univers extérieur hyper développé.

Par exemple, si vous voulez entrer dans l’univers des mathématiques et vous en servir, vous devez en avoir les clefs. Souvent, il s’agit d’apprendre à compter parfaitement et avec rapidité – les quatre opérations par exemple et les bases de l’arithmétique. Ces bases forment un pont entre votre univers mental et cet univers des mathématiques.

C’est ce que nous entendons par « canal ». Vous établissez un canal entre vous et un certain univers extérieur. Si ce canal n’est pas ouvert, rien ne se passe, les données de l’univers des maths ne parviennent pas jusqu’à vous. Si un élève n’a pas suffisamment de temps pour bien apprendre les bases, tout le reste est inutile car le canal n’est pas ouvert. Il n’a pas accès à cet autre univers.

Bon, un autre exemple plus concret. Avant d’apprendre à nager, le canal entre votre univers et l’univers de la natation est fermé. Apprendre la théorie de la nage ne va pas ouvrir ce canal. Apprendre progressivement les gestes de la nage et se familiariser avec le milieu aquatique va très progressivement ouvrir ce canal entre soi et cet ensemble de données qu’est le déplacement dans l’eau en flottant.

Une fois que vous savez nager, l’univers de la natation est ouvert : vous savez ! Vous êtes autonome du point de vue de la natation, aller dans le grand bain en piscine, ou en rivière ou à la mer. Vous savez nager et vous pouvez commencer à vous servir du sujet. Par la suite vous pourrez toujours vous perfectionner avec le plongeon ou la compétition et vous aurez peut-être besoin d’un entraîneur sportif. Mais si ce canal n’est pas ouvert, tout cet univers de la natation restera fermé pour vous.

Autre exemple : le vélo est tout un truc. Il s’agit de trouver l’équilibre alors qu’on n’a que deux roues et le tout en pédalant pour faire avancer le vélo. Eh bien tant que vous n’avez pas trouvé physiquement cet équilibre et tous les mouvements musculaires qui vont avec, vous n’aurez pas accès à l’univers du déplacement en deux roues. Il y a vous, votre univers, et puis il y a cet autre univers que vous observez ; vous voyez autour de vous d’autres gens qui se déplacent en vélo ou autre « deux roues ». Si vous voulez faire partie de cet univers du déplacement en deux roues, il va falloir acquérir les clefs, les codes d’accès. C’est cela un « canal » entre soi, l’univers personnel, et un autre univers extérieur. Une fois que vous avez appris les principes, les bases (qui consistent à acquérir des mouvements physiques et positions corporelles, à ressentir physiquement pour rester en équilibre), l’univers extérieur qui consiste à conduire un deux roues vous est ouvert. Tout le reste est du perfectionnement. Mais vous avez déjà ouvert ce « canal ». Vous êtes autonome dans ce domaine.

Chaque activité est un univers en soi avec son langage, ses codes, ses techniques ou méthodes, son environnement particulier, ses adeptes, ses maîtres.

Il existe aussi certains « univers » qui n’ont pas d’accès. Il n’existe pas de canal parce que ces sujets sont tellement mal foutus qu’ils sont incompréhensibles. Trop d’opinions, de choses mal observées ou pas observées du tout, pas de logique, tout cela empêche l’accès. La raison est qu’il ne s’agit pas d’un univers, mais une décharge de données fausses parfois mêlées de données vraies. Il n’y a rien de construit, pas de principes fondamentaux, rien de logique ou de sensé. On n’en rencontre de temps en temps ; cela peut arriver alors il ne faut pas vous inquiétez du fait que vous n’y comprenez rien… il n’y a rien à comprendre.

Pour illustrer encore notre le sujet des « canaux » entre son propre univers et un univers extérieur, prenons ce qu’on appelle les bonnes manières, le savoir-vivre, l’étiquette, etc. C’est un vrai sujet, même s’il s’agit d’apparence, d’attitudes artificielles, ne pas les connaître signifie ne pas avoir accès à certains univers comme ceux des relations sociales. Il y a des choses que l’on peut faire, certaines qu’il faut faire et d’autres qu’il ne faut pas faire. Et ces sujets ont leurs fondements. Ne pas les connaître peut vous faire passer pour un rustre, quelqu’un de malpoli, de grossier, à ne jamais inviter. Pourtant, certains milieux sont bien agréables si l’on en connaît les codes.

Les mots et la grammaire, des canaux donnant accès à d’autres canaux

Effectivement, le vocabulaire et la grammaire, le langage, forment un canal vers l’univers des autres, passés, présents et futurs. Ainsi, partageant une même langue et en en comprenant les codes, les êtres humains peuvent échanger des idées. Ils peuvent recevoir les messages d’une personne du passé, échanger des idées avec quelqu’un d’éloigné, et écrire ou enregistrer des messages destinés à des gens situés dans le futur. C’est un moyen très pratique pour communiquer.

Ce serait difficile, notamment pour des idées complexes de se passer du langage. C’est un canal artificiel installé comme un moyen pratique d’échange.

C’est donc un canal qui permet d’échanger des messages simples ou complexes.

Mais il y a autre chose. Ce canal a ceci de particulier en ce sens qu’il donne accès à d’autres univers comme les maths, la physique, les sciences en général et pratiquement toute la connaissance humaine. Autrement dit, il s’agit d’un canal vers d’autres canaux. Il ne s’agit plus d’ouvrir une voie vers un autre univers, comme dans les exemples ci-dessus. Il s’agit d’ouvrir la voie vers de multiples univers. Sans le langage, aucun savoir complexe n’est accessible.

Il s’agit par conséquent d’un canal clef de voute sans lequel la vie dans cette société compliquée serait impossible. D’où son importance toute particulière. L’élève doit y passer du temps, beaucoup de temps. Et comme chaque enfant est différent, il s’agit d’acquérir les clefs, les principes de la grammaire, pas celle des littéraires, mais celle qui permet d’échanger suffisamment précisément des messages et de recevoir d’autres connaissances. Étudier des plus-que-parfaits du subjonctif peut paraître une bonne chose pour les érudits, sauf que dans la vie, on ne s’en sert pas, ni dans les sciences d’ailleurs. C’est juste très joli. Pareil pour le vocabulaire. Ça se travaille et il faut y passer le temps nécessaire, pas le temps décidé par une administration déconnectée.

Lorsqu’on entraîne ce canal chez un enfant, il doit en acquérir une maîtrise suffisante, ce qui implique la répétition d’actions et une certaine compréhension de ce canal. Quand il commence à le maîtriser, il peut l’utiliser pour envoyer des données (idées) ou en recevoir. Il peut l’utiliser pour acquérir d’autres savoir-faire. Il peut conjuguer le langage avec des images ou des films. D’ailleurs, il serait bon de continuer l’entraînement sur les langages particuliers des différents sujets enseignés. Cet entraînement ne peut être qu’individuel puisque nous visons une aptitude, pas un programme à exécuter dans un temps imparti. Nous n’enseignons plus, nous entraînons.

Une fois qu’il aura bien progressé dans l’utilisation des mots et de la grammaire, il pourra continuer à se perfectionner. Mais ce canal est ouvert. Il sait à quoi il sert. Il sait comment il peut s’en servir. La voie est ouverte vers davantage de connaissances et de savoir-faire dans ce canal. C’est ce que nous voulons atteindre, une aptitude de l’élève à se servir de ce canal de communication. À ce moment-là, il est autonome et il pourra se perfectionner de lui-même.

Les mathématiques forment un ensemble de canaux vers différents savoir-faire ou savoirs. Calculer la trajectoire d’une fusée vers la Lune n’est pas la même chose que de calculer sa consommation d’essence à l’aide d’une règle de trois, bien que tous deux nous aident à acquérir des données. Dans les deux cas, il y a des bases à acquérir afin d’ouvrir et de développer ce canal de communication entre notre élève et l’univers qui l’entoure.

L’informatique, apprendre à taper rapidement sur un clavier, apprendre les bases de la gestion des données (les fichiers, la sauvegarde et les manœuvres fondamentales) font partie des canaux de communication entre un univers individuel et l’univers qui l’entoure. La programmation est un autre canal, et ainsi de suite.

C’est comme de trouver les codes d’accès à différentes salles, chacune d’elles contenant des savoirs. Si on ne possède pas les codes, on n’a pas accès aux salles. Quand on a accès aux codes, on devient autonome dans ce canal et les matières correspondantes. Au moins, si le travail d’équipe est nécessaire, on a l’accès aux équipes.

Et comme il y a des degrés de difficultés dans tout sujet, on ne cogne pas sur le pauvre élève qui ne sait pas et qui ne parvient pas à comprendre. Ne pas savoir est une donnée importante et tout à fait valable.

Développer les canaux

Une fois que l’on a compris qu’on entraine l’élève à utiliser différents canaux pour acquérir des données et communiquer avec l’univers extérieur, il suffit d’énumérer les différents sujets qui composent la vie dans une « société » donnée, de trouver les principes de fonctionnement de chaque sujet et de développer les exercices qui permettront à l’élève de maîtriser les bases de chaque canal. À partir de là, il suffit à l’élève d’acquérir davantage de savoir et de savoir-faire dans le sujet pour en acquérir une expertise. Mais il est autonome dans ce sujet.

En ce qui concerne l’autorité du professeur

Le professeur n’a pas besoin d’autorité, contrairement à ce qui a été cru au dix-neuvième siècle. Il n’a pas besoin d’autorité puisque notre système permet un travail d’équipe des professeurs et que les élèves qui sont là sont des élèves, pas des empêcheurs de tourner en rond et des perturbateurs. Il y a une définition simple d’un élève : quelqu’un qui est là pour s’entraîner ; il veut apprendre et il est capable d’autodiscipline. Il est probable qu’il faille un peu de discipline de la part des professeurs présents, car les enfants sont des enfants, indisciplinés par nature.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

5. Pourquoi introduire le Mal dans l'école

Le Mal comporte ou transporte avec lui, une INTENTION, à travers le temps et l’espace, les individus et les sociétés. Pourquoi ? Laquelle ...