vendredi 8 octobre 2021

12. Le principe faux et la donnée fixe

Il est impossible de réformer une institution aussi « fixe » que l’école. Tous les gouvernements se cassent le nez sur ce « mammouth comme ils l’appellent. Pourquoi ? À cause du phénomène de l’idée ou de la donnée mal analysée, mais fixée fortement dans le « mental » des institutions.

Avez-vous déjà eu affaire à quelqu’un qui ne pouvait pas changer d’idée alors qu’il eut été logique qu’il change. Son idée fixe va l’amener à un désastre et il continue malgré vos exhortations.

Ce que l’on ne sait pas, c’est à quel point une idée peut être puissante et implacable. Elle peut guider une vie, un groupe, une institution et rien de ce que vous direz n’y fera. L’idée persiste.

Cette idée persiste parce que lorsqu’une personne, un groupe de gens ou une institution l’a adoptée ou a décidé de s’en servir, la raison était une question de vie ou de mort.

Une fois que la personne ou le groupe l’a adoptée, l’étape suivante était de se baser entièrement dessus pour organiser les règlements, le matériel, le personnel et l’action. 

Et quand on a affaire à une institution d’un ou deux siècles d’existence, il est impossible de la réformer sans examiner les idées fixes sur lesquelles elle fut constituée et quels étaient les problèmes que ces idées fixes étaient supposées résoudre. 

Dans le cas de l’Instruction publique, la période était brûlante. La Révolution française et la Terreur étaient relativement récentes, suivies par les émeutes de 1830 et 1848. La vision de la guillotine devait être pour les autorités de l’époque un gros, très gros juteux problème et leurs cous ne tenaient qu’à un fil. De leur point de vue et dans le contexte très instable de l'époque, Il FALLAIT placer la population sous le joug de l’Autorité de l’État, du patronat et des « penseurs » et professions qui faisaient « autorité ». 

Autrement dit, il fallait aborder le problème par l'éducation, enrégimenter et endoctriner les enfants avec une très puissante hiérarchie verticale de type militaire. Pas question de laisser le peuple s’exprimer. 

Les penseurs de l’époque ont bien réussi leur coup puisque leur système est toujours d’actualité… sauf que des révoltes multiformes insidieuses sont déjà présentes dans les écoles de la République. L’autorité de l’État a fait long feu. Ça ne fonctionne plus malgré les tentatives successives de réforme.

Le problème d’une « solution » de type « idée fixe » est que le problème est écrasé, mais perdure sous d’autres formes.

La vérité est qu’on ne peut pas construire un système fiable sur la base de la « méfiance ». Un système humain fiable ne peut reposer que sur la confiance. Et la confiance est un système « horizontal », même s’il y a une hiérarchie comme dans une entreprise. En vrai, le patron dépend de ses ouvriers comme les ouvriers dépendent de leur patron. Mais la confiance est un élément instable, difficile à observer et à manier. Comme il est plus facile de détruire que de construire, la méfiance est plus facile à adopter et à gérer que la confiance.

Pour un gouvernement, il est plus facile de frapper et de punir pour obtenir l’obéissance aveugle d’un peuple, que de l’entraîner dans les finesses de la Raison, de la Conscience, de la Responsabilité, toutes des qualités individuelles qui reposent sur des données factuelles, vraies.

Dans ce cas, comment éduquer un peuple ? la réponse est aussi bête que la question : on ne peut pas éduquer un peuple. Et la réponse exigeant de l’intelligence pour la mettre en œuvre : on peut entraîner un élève. Tout le reste est voué à l’échec. Voulons-nous vraiment échouer, sur Terre ? Alors, comment faire ? Faisons sauter les idées fixes et nous verrons plus clair.


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