vendredi 15 octobre 2021

16. Les gens dangereux

Cela semble être une zone de problèmes récurrents et apparemment insolubles. Les hommes violents qui battent leur épouse, les racketteurs, les jeunes qui poignardent un autre pour un regard soutenu, ou une cigarette refusée, ou une histoire de priorité, les bandes qui tabassent un jeune isolé, des bandes de drogués hyperviolents qui hantent un quartier et empêchent les citoyens de dormir la nuit ou carrément de sortir, les vendeurs de drogue qui sont de véritables organisations munies d’armes de guerre, et ainsi de suite. Rien n’y fait, le problème persiste et empire, gouvernement après gouvernement. Dans les écoles, des bandes organisées brutalisent d’autres jeunes, ou revendent de la drogue sans que personne n’intervienne ou si peu. Ce qui est frappant c’est le fait que les seuls gens dangereux sont les gens mauvais, ceux qui font le mal. Les honnêtes gens, eux, ne sont pas dangereux.

Selon toute apparence, ces problèmes sont insolubles. Vu les moyens policiers déployés et les tribunaux surchargés, et étant donné que les policiers pourchassent les mêmes délinquants encore et encore après les avoir arrêtés, on peut se demander ce qui cloche. Apparemment, ces problèmes ne doivent pas être résolus. Le mot « résolu » dans ce cas signifie que chacun des problèmes disparaît et ne revient pas. Mais poursuivons.

De plus, ces bandes sévissent au beau milieu de barres d’immeubles abritant des milliers de gens. Disons qu’il y ait une cinquantaine de dealers au maximum dans un quartier contenant disons cinq cents hommes adultes et autant de femmes. Comment se fait-il que quelques dizaines de délinquants puissent faire chanter et terroriser dix fois plus d’habitants « normaux » ?

Si un problème persiste, que les solutions ne fonctionnent pas, c’est que ce sujet contient des données et principes faux.

Et en écrivant ces lignes, l’impression que cela me donne est que sous l’apparence d’une société bien organisée et dirigée, une société plutôt paisible en général, nous trouvons un nombre invraisemblable de faux principes qui empêchent les gens honnêtes de mettre de l’ordre où et quand c’est nécessaire. Au contraire, ce sont les gens malfaisants qui ont la force avec eux et qui mettent leur ordre.

Pour noircir encore le tableau, les quartiers dits « difficiles » ou « pauvres » sont les plus sales, mais pas que. Aujourd’hui, même des endroits riches ou aisés sont contaminés par la saleté : mégots, masques, papiers et plastiques jonchent les parterres « verts » et les trottoirs. Il y a soixante ans, cela n’existait tout simplement pas. Les gens ne jetaient pas leurs ordures dans la rue, même dans les quartiers pauvres. Il y avait de l’ordre et cela ne venait pas d’une police omniprésente. Les gens étaient propres, tout simplement. Pourquoi ? Parce que les adultes maintenaient l’ordre chez leurs enfants. Ils les obligeaient à faire leur lit, ranger leur chambre et leurs jouets, jeter les saletés dans les poubelles et pas par terre, etc. Et oui, la force était du côté des parents. Tout n’était pas parfait, mais l’ordre et la propreté étaient un minimum à respecter. Les gens maintenaient l’ordre. Souvent, c’était violent, trop violent.

Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet de la violence exercée pour maintenir l’ordre, éduquer les enfants, etc.

Le problème du « maintien de l’ordre » par les gens n’était pas l’usage de la force ou de la violence, mais le degré nécessaire de force ou de violence pour obtenir et maintenir l’ordre. Autrement dit, à quel point l’être humain doit-il être dangereux afin d’exiger et d’obtenir de l’ordre ?

Cela soulève la question de l’entraînement et de la justice. La justice est une qualité humaine qui a à voir avec le degré de bien et de mal d’une action ou condition. L’injustice signifie qu’il y a trop de mal par rapport au bien. Si une personne travaille dur et vit dans la pauvreté, c’est une injustice. Et nous pouvons dire qu’il y a du désordre dans la situation. Une ou plusieurs choses ne sont pas à leur place. Si quelqu’un exploite les gens pour son profit, une portion de l’argent produit n’est pas à sa place. La justice, ou le comportement correct, le bien, voudrait que l’argent soit justement distribué (pas nécessairement à part égale, mais d’une manière juste, ce qui demande du jugement sur la valeur des actions). L’ordre, ou le maintient de l’ordre, c’est ça : les choses sont à leur place selon le bon jugement des gens concernés.

Le juste, l’ordre et le maintient de l’ordre exigent de la force. Cela signifie que pour maintenir l’ordre, les gens honnêtes ou bons doivent pouvoir être dangereux.

Quel concept avez-vous quand on vous dit « gens dangereux » ? Cela semble mauvais, n’est-ce pas ? Pourtant, « dangereux » n’implique qu’une capacité à provoquer de la douleur ou à détruire. Cela ne définit pas si c’est en bien ou en mal. Cela dit juste qu’il y a un danger, une possibilité ou probabilité de destruction ou de douleur et qu’il faut faire attention à ne pas faire n’importe quoi, par exemple avec une ligne à haute tension.

Pourtant, quand on dit que quelqu’un est dangereux, cela semble impliquer que cette personne est nuisible ou potentiellement nuisible, à ne pas approcher ou fréquenter. Et là, nous rencontrons une fausse donnée de taille : « Une personne sociable, bienveillante, ne peut pas ou ne doit pas être dangereuse ». Magnifique exemple. À vrai dire, je viens de tomber dessus.

Dans notre société, la dangerosité ne doit pas venir des citoyens. Une personne honnête n’a pas le droit d’avoir un comportement violent, d’infliger du mal, de la destruction ou de la douleur à une autre personne. Ces choses sont réservées à la police et à la justice, et seulement dans certaines limites. Ce principe est faux tout en ayant l’apparence de la Raison et d’être un principe civilisé.

Nous nous heurtons de nouveau à notre bon vieux faux principe de l’égalité : « Les gens naissent égaux avec des capacités égales ». L’observation montre que certains êtres sont des monstres et que d’autres sont des héros avec toutes les nuances de gris entre les deux ; nous trouvons également, du côté du mal et du côté du bien, d’innombrables capacités et degrés d’intelligence avec les résultats en termes de destruction ou d’ordre.

Ce qui nous donne une question : combien de force doivent exercer les gens honnêtes sur chaque personne et action nuisibles, quand, comment et avec quelle organisation, afin de maintenir l’ordre ? Ce qui exige la capacité et la volonté de discerner le bien du mal, la personne ou l’action nuisibles.

C’est étonnant cette aberration de la perception de l’autre que nous avons ou plutôt que nous n’avons pas. Dans notre société « civilisée » il semble que nous soyons juste aveugles. Nous ne voyons ou ne considérons que les enveloppes charnelles. Je viens de réaliser que nos cinq sens nous trompent. Ils sont très précis en ce qui concerne la partie de l’univers physique qui nous entoure, ils nous informent assez bien sur la nature vivante également, mais pas du tout sur l’homme.

J’avais défini l’individu comme un univers particulier par opposition à un élément de l’humanité vue comme un tout. Dans mon raisonnement, j’avais enlevé la notion d’humanité qui me semblait fausse, et préféré considérer l’être humain comme un individu vivant, ayant son propre univers totalement différent d’un autre individu et univers. Et deux univers étaient capables de s’associer sur différentes bases, ce qui formait la structure d’une société.

Les cinq sens nous renseignent sur la nature physique d’un homme, mais pas sur son univers. Mais alors, comment percevons-nous ou entrons-nous en contact avec notre propre univers (l’essence de qui nous sommes vraiment) ou avec un autre univers (l’essence de la personne que nous contactons) ?

Disons que les sens peuvent nous aider à détecter l’univers d’une personne en observant ses actions. Mais cela nécessite une capacité à observer sans essayer d’expliquer ou de justifier. On peut détecter pas mal de choses en observant les actions, les faits et les résultats bruts, en y ajoutant leur évaluation en termes de bien ou de mal. Malheureusement, ce n’est pas intuitif dans notre société. Ce qui est inculqué, c’est que nous sommes tous égaux, ET C’EST FAUX !

Ce qui nous donne une formule pour résoudre le mal :

1. dangerosité et force potentielle de la population honnête ;

 2. Observation de l’environnement réel ;

3. Détection d’une situation potentiellement mauvaise ;

4. Évaluation du bien et du mal dans l’action observée ;

5. Application de la force nécessaire jusqu’à la cessation totale de l’action nuisible ;

6. Observation et évaluation du résultat ;

7. Répéter les points 1 à 7, jusqu’à la résolution totale et définitive de la situation mauvaise.

Nous voyons bien qu’il y aurait des objections de la plupart des gens « civilisés ». Non seulement la population honnête n’est pas dangereuse, mais elle ne veut pas l’être ; elle ne veut pas faire mal et infliger de la destruction, même à des individus qui le mériteraient.

Encore une fois, « être dangereux » signifie « avoir potentiellement une force destructive ». Or, dans notre société, « destructif » est synonyme de « mal ».

Vous voyez le sac de nœuds ? C’est comme si nous avions subi un lavage de cerveau pour nous transformer en « moutons » (le « nous » signifiant « les gens honnêtes, bienveillants »). Il semble que le côté du mal n’a pas subi ce lavage de cerveau, puisque les gens mauvais peuvent utiliser la force pour obtenir ce qu’ils veulent ou pour simplement détruire.

La prise en charge exclusive du mal par la police et la justice

La Justice est une entité qui s’occupe exclusivement du mal lequel est défini comme la violation de la Loi. Selon celle-ci, les gens ne doivent pas se faire justice eux-mêmes. C’est rigoureusement interdit et puni lourdement par la Loi. Cela va très loin puisqu’une population donnée ne peut pas mettre de l’ordre dans une situation nuisible provenant d’une minorité de délinquants.

Autrement dit, une population composée de gens honnêtes ou bienveillants (du côté du bien) ne peut pas être dangereuse et si elle le devenait, elle serait implacablement réprimée et punie par les instances officielles policières et judiciaires. Se révolter contre le Mal est rigoureusement interdit !

Étant donné que la majorité des actions nuisibles sont dissimulées ou invisibles, notamment de la police, et qu’il est la plupart du temps impossible d’en apporter les preuves, ces actions mauvaises peuvent continuer à s’exercer. Comment voulez-vous prouver le chantage et les menaces de mort. Par définition, le chantage par la menace de mort provoque la terreur chez la victime, ce qui entraîne une paralysie de son mécanisme de défense. La Loi et la Justice interdisent à la victime de se défendre efficacement. Donc, le mal est perpétué. Il ne peut que gagner. C’est de cette manière qu’une minorité de gens nuisibles et dangereux peuvent exercer leur loi et leur contrôle d’un territoire peuplé de gens plus nombreux, mais terrorisés.

C’est étonnant à quel point les « autorités » et « sachants » préfèrent avoir un peuple terrorisé et un territoire contrôlé par des malfrats. Tout plutôt qu’un peuple dangereux et capable de mettre de l’ordre par n’importe quel moyen.

On pourrait avoir une nouvelle définition cynique de « démocratie » : la souveraineté de n’importe quelle entité dangereuse plutôt que le peuple ».


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